Née d'une mère française et d'un père roumain, Géraldine Aresteanu grandit à Bucarest, jusqu'à ses 18 ans. Le choc d'une exposition World press, après la révolution de 1989, lui fait très jeune, choisir de devenir photographe. Vite, elle engage son corps et son âme dans son travail. A 23 ans, elle embarque dans un wagonnet des mines d'or de Roumanie.
1 journée sous terre, elle photographie. Elle est casquée, sa lampe frontale lui sert de flash pour éclairer. En 1998, elle élabore « Portraits pour un mot », un projet photographique mené avec des enfants sourds et muets d'Hongrie, de France et de Roumanie.
Pour ce travail, elle reçoit le prix de la Fondation de France. Aujourd'hui, Géraldine Aresteanu vit et travailleen France. Les rencontres, les endroits, les sujets, les visages
qui la retiennent l'emmènent ici et ailleurs. De Paris à Ramallah. Dans son travail, Géraldine cherche à être témoin, à faire entendre les voix de ceux et celles dont certains disent qu'iels ne comptent pas. Elle cherche, elle fixe, elle interpelle, elle rassemble, et elle ne désespère pas. Même seule, rien ne l'arrête. Elle agit. Elle vit l'image comme son mode d'action et de résistance au monde.
Sa pratique s'ancre dans l'image documentaire et le portrait. En 2014, elle réalise avec Mihai, pêcheur dans le détroit du Danube, le premier épisode de sa série 24h. Série durant laquelle elle vit 24 heures d'affilée avec la personne qu'elle photographie. 10 après, c'est plus de 60 vies d'hommes, de femmes et d'enfants, dont elle porte le témoignage. Des vies humaines qu'elle a choisie de regarder, d'éprouver et de visibiliser. En 2019, pour la société InVivo, elle réalise une carte blanche sur l'agriculture française qui sera exposée au Salon de l'Agriculture. Elle est aussi lauréate du prix Estée Lauder Pink Ribbon Award, concours photographique dont l'objectif est de sensibiliser au dépistage du cancer du sein.
En 2020, durant la crise sanitaire du Covid, elle photographie le service de réanimation de l'hôpital d'Orléans. Elle entreprend aussi d'aller à la rencontre de jeunes migrants isolés et des familles qui les accueillent.
La série «Stop Kidding», sera exposée en off des Rencontres de la photographie, à Arles. Christiane Taubira, passera par là. Depuis 2021, Géraldine Aresteanu est artiste, partenaire associée de plusieurs institutions culturelles et du Théâtre des Amandiers à Nanterre, en particulier. En 2022, Géraldine Aresteanu décide de partir en contre-campagne présidentielle. Elle sillone la France, interroge et fait le portrait de ceux et celles que l'on nomment « Etrangers ». Elle veut montrer ceux et celles qui par leur travail, contribuent à la société française. Le soutien financier de plus de 35 entreprises lui permet d'afficher en grand 32 visages et tout autant de voix, sur la façade de l'IMA (Institut du monde Arabe) et sur les réseaux Media Transport, Clear Channel et Phoenix des villes, avant les élections. Ce sera sa manière de faire sa part citoyenne, à elle. Depuis 2022, la série « Etrangers » sert de support pédagogique dans les écoles, auprès de jeunes publics.
_Delphine Bommelaer
Les Temps Modernes
